Depuis 2011, l’association Lazare constitue des colocations entre des jeunes professionnels et des personnes sans-abris. Plus de dix ans après le début de l’aventure, plus d’une dizaine de villes accueillent ces colocations solidaires où se partagent les difficultés de la vie mais surtout la joie d’avancer ensemble sur le chemin de la vie.
Ne dites pas « colocation » ou « colocataire », mais « coloc ». Dans les maisons fondées par Lazare, environ une dizaine en France, se vivent des expériences inoubliables. Paul, coloc à Lille, avait entendu vaguement parler de l’association lors d’un week-end entre amis. Il ne s’attendait pas à témoigner quelques années plus tard d’une «aventure qui a changé ma vie à jamais».
Le juriste, jeune professionnel bien dans sa peau, habitué aux beaux costumes et aux open-spaces, ne s’attendait pas un jour dans sa vie, à attendre son coloc à la sortie de la prison. Une aventure hors du commun qu’il raconte dans un post Linked In.
L’association Lazare organise des colocs où se mélangent jeunes professionnels et personnes sans- abris. Un mélange qui détonne mais qui pour Paul, permet d’offrir la possibilité à tous les colocataires de retrouver leur chemin. Autant Mohammed après 20 ans de vie à la rue qui a retrouvé du travail et a fait une cure de désintoxication, que Léo jeune actif, qui grâce à Lazare a découvert que sa vie ne lui convenait pas, a déménagé et a changé de travail. Paul lui-même a changé de sujet de thèse au dernier moment après avoir passé du temps au contact des personnes de la rue, pour s’intéresser à la vulnérabilité dans l’accès au soin.
« Thème beaucoup moins prestigieux que prévu, mais qui m’animait beaucoup plus »
Bien sûr, Lazare permet aux jeunes de poser un regard plus humain envers les personnes de la rue et d’oser faire une véritable rencontre, continue Paul. Mais pour lui, Lazare est bien plus que cela:
«Lazare ça pousse à vivre la vie en grand. C’est un déclencheur d’intensité.»
Vivre la vie en grand, c’est aussi le choix de Aude Lesur. Architecte dans une agence parisienne et promise à une belle carrière professionnelle, elle n’en peut plus de la vie qu’elle mène.
À l’approche de la trentaine, elle décide de rejoindre Lazare pour un volontariat. Exit les afterwork, l’excitation de la vie parisienne… Elle travaille dès lors dans le sud de la France, sous le soleil provençal, au son des cigales et des grillons, dans la maison de vacances des colocs Lazare. Au grand air, loin de l’ordinateur, et bénéficiant d’un petit revenu comme volontaire associative, elle n’a pas regretté son choix.
« Ça n’a pas de prix d’apporter de la joie à des personnes qui vivent un passage difficile et de les voir repartir ressourcées »
Pour faire fonctionner les colocs et permettre aux gens de la rue de trouver un échappatoire à leur situation précaire, Lazare propose des places comme coloc ou service civique. Une expérience à ne pas rater estime Paul :
«Avant je voyais le monde en noir et blanc, désormais je le vois en couleurs ! ».
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Jean-Benoît Harel
Crédit image : Lazare